Qu’est-ce qu’un fait ?

9 octobre 2023

Il n’est pas forcément simple de définir un fait. Et, au-delà de la définition, il est important de comprendre que celui-ci fait toujours l’objet d’un traitement spécifique avant d’être diffusé sous forme d’information par un ou plusieurs médias. 

À la base de toute information : un fait 

Comment définir un fait ? S’agit-il de quelque chose qui est arrivé ? D’un chiffre ? D’un événement spécifique ? L’Académie française donne plusieurs définitions possibles. Nous en retiendrons deux. 

  • Un fait peut désigner un acte ou une action impliquant une intervention humaine : par exemple, un syndicat qui appelle à la grève. 
  • Il peut également s’agir de quelque chose qui s’est produit dans des circonstances précises et qui peut donc être d’ordre naturel : par exemple, un volcan qui entre en éruption. 

En termes journalistiques, est considéré comme un fait tout ce qui est susceptible d’être porté à l’attention du public. 

Tous les faits ne donnent pas lieu à un traitement. Chaque journaliste effectue une sélection : il choisit les faits dont il traite en fonction de ses propres considérations et de la ligne éditoriale du média pour lequel il travaille. 

Par exemple, un accident de la route, la nomination d’un nouveau ministre, l’implantation d’une usine dans une région, un événement climatique inhabituel, un match de football, l’assemblée générale d’une association… sont autant de faits qui peuvent être traités journalistiquement et portés à la connaissance d’un public plus ou moins large. 

Dans ce cas, le fait devient une information : le journaliste ajoute a minima des éléments de contextualisation. Le fait ne peut être mis en doute. L’information, quant à elle, contient toujours une ou plusieurs interprétations, qui peuvent être susceptibles de véhiculer une opinion.   

  • “L’équipe X a joué contre l’équipe Y et l’a emporté 3 à 2.” Ceci est un fait. Aucune contestation n’est possible. 
  • “L’équipe X a joué contre l’équipe Y et l’a emporté 3 à 2. Les joueurs de l’équipe Y ont manqué de lucidité à la fin du match.” Ceci est une information : un autre observateur pourra mettre en avant une autre analyse pour expliquer la défaite. 

« Chacun a droit à sa propre opinion, mais pas à ses propres faits. »

Propos du du sénateur américain Daniel Patrick Moyniha dans The Washington Post le 18 janvier 1983

Le traitement journalistique 

Le journaliste est informé du fait par une source : il peut s’agir d’une personne qui le renseigne, d’un correspondant de presse, d’un communiqué diffusé par une entreprise ou une institution, etc. Il peut aussi directement « aller à la source », par exemple en assistant à un évènement sportif. Il journaliste peut alors choisir de traité le fait, c’est-à-dire de l’expliquer afin qu’il puisse être présenté à un public large ou spécifique. C’est le traitement journalistique (traité plus en détail dans un autre article), qui suppose notamment de choisir un angle et de problématiser son sujet. 

Au terme de ce traitement et selon le format du média, l’information prend la forme d’un article, d’une vidéo, d’un reportage radiophonique… Le journaliste peut y adjoindre des éléments complémentaires (interview, avis d’un expert, sondage, mise en perspective par rapport à d’autres faits…). 

Dans ce cadre, le journaliste travaille selon sa propre vision et ses valeurs, mais aussi selon les consignes qui lui sont données par son comité de rédaction, sans oublier la ligne éditoriale du média auquel il appartient. Il existe différents traitements journalistiques (éditorial, reportage, interview, investigation, fact-checking, data journalisme …) qui sont autant de manières différentes de traiter d’un même fait. 

Reprenons l’exemple du match de football. On peut en faire un simple résumé, on peut donner une note à chaque joueur, on peut s’arrêter sur la prestation d’un joueur en particulier, on peut mettre en avant un fait de jeu ou l’arbitrage, etc. 

Il est très important de comprendre que le traitement d’un fait donne lieu à une interprétation et à des choix dans sa contextualisation et sa présentation. 

La diffusion de l’information 

Le contenu produit par le journaliste peut alors être transmis à un ou plusieurs médias (journal papier ou en ligne, station de radio, chaine d’informations…), ou diffusé directement par son auteur (par exemple via les réseaux sociaux). Souvent, il trouve place au milieu d’autres sujets. Le contenu peut être repris par d’autres médias. Ceux-ci peuvent choisir de présenter cette information différemment, de la traiter autrement, d’y adjoindre d’autres éléments. 

Dans chaque cas, le traitement dépend de la ligne éditoriale du média. Certains y accordent une grande importance (par exemple : mise en avant via un bandeau en une dans la presse écrite) et d’autres non (le sujet peut n’être traité qu’en quelques secondes à la fin d’un bulletin d’informations radiophoniques). Ajoutons que la diffusion de l’information procède elle-même de choix réalisés par chaque média. C’est la hiérarchisation de l’information. 

Par exemple, un accident de la route pourra faire la “une” du journal local et ne pas être traité par la presse nationale. Un match de football de Ligue 1 pourra trouver un écho particulier dans une ville spécifique si l’un des joueurs y a évolué, etc. 

Nous partageons tous les mois des contenus
pour décrypter le monde des médias et de l’information

Podcast, guides, outils, infographies, évènements… nous partageons chaque mois, nos meilleures ressources pour vous mieux comprendre et appréhender les enjeux médiatiques et informationnels.