Pluralité et débat démocratique

18 mars 2024

Le dictionnaire Larousse en ligne définit la pluralité, tout simplement, comme le fait d’être plusieurs, et donne comme exemple la pluralité des partis. 

En sciences sociales, les choses sont un peu plus complexes cependant : la pluralité (ou le pluralisme) ne désigne pas seulement l’existence de plusieurs partis politiques dans un pays. Il s’agit plus largement d’un système d’organisation politique reconnaissant et acceptant la diversité des opinions (notamment politiques et religieuses) et de leurs représentants. 

Le pluralisme en France : un principe constitutionnel 

En France, le pluralisme est considéré comme le fondement de la démocratie. Il est inscrit dans la Constitution (article 4). Le Conseil constitutionnel lui-même, saisi par le Conseil d’Etat, le reprécisait dans sa position du 31 mai 2017 : “La loi garantit les expressions pluralistes des opinions et la participation équitable des partis et groupements politiques à la vie démocratique de la Nation. Le principe du pluralisme des courants d’idées et d’opinions est un fondement de la démocratie.” 

Notons d’ores et déjà la notion d’équité évoquée par le Conseil constitutionnel : les médias jouent évidemment un rôle très important dans cette difficile équation qui consiste à faire connaître au grand public les avis des uns et des autres et notamment des personnes qui souhaitent exercer un rôle de dirigeant. Nous reviendrons sur ce point plus loin dans cet article. 

Le pluralisme : une notion complexe 

On l’a vu plus haut : l’existence de plusieurs partis politiques ne suffit pas à assurer celle du pluralisme. D’autres conditions sont requises, en particulier les suivantes : 

  • Les partis en présence doivent représenter des opinions plurielles. 
  • Des élections doivent être organisées à intervalles réguliers et l’alternance doit être possible. 
  • Il doit être possible de critiquer librement le pouvoir en place. 
  • Il doit être possible d’exercer ses droits politiques et sociaux autrement que via des élections (par exemple en adhérant à un syndicat, en participant à une manifestation…). 
  • La presse doit être libre et accessible à tout le monde. 

Au regard de ces critères, on comprend que le pluralisme est une notion complexe. 

On peut affirmer par exemple qu’il n’existe pas en Russie en dépit de l’existence de plusieurs partis politiques et de l’organisation d’élections régulières, dans la mesure où l’opposition est muselée et que les droits des adversaires du pouvoir en place ne sont pas respectés.  

Mais, même au sein d’une démocratie, le pluralisme n’est jamais complètement acquis. Par exemple, les violences policières aux Etats-Unis – en particulier contre la communauté afro-américaine – peuvent être analysées comme une forme de racisme systémique qui empêche une partie de la population d’exercer ses droits. Les Etats-Unis sont pourtant considérés comme une démocratie assurant le pluralisme. 

L’information libre et accessible : une condition cruciale du pluralisme 

Il est complexe d’imaginer une société pluraliste sans un moyen de diffusion et de communication de masse de l’information… autrement dit sans les médias. Le législateur en est d’ailleurs conscient, à tel point que cela est mentionné dans l’article 34 de la Constitution : “La loi fixe les règles concernant […] les droits civiques et les garanties fondamentales accordées aux citoyens pour l’exercice des libertés publiques ; la liberté, le pluralisme et l’indépendance des médias ; les sujétions imposées par la défense nationale aux citoyens en leur personne et en leurs biens […]” 

L’ARCOM, régulateur de la communication audiovisuelle et numérique, s’appuie sur ces principes pour mener à bien sa mission, à savoir veiller à une représentation équitable des partis et des opinions auprès du grand public. On acte donc bel et bien que la liberté de chacun passe par une information diversifiée permettant une liberté de choix.  

En garantissant que la loi organise le pluralisme et l’indépendance des médias, notre système politique établit donc cet équilibre et cette liberté. Il se donne par ailleurs les moyens d’analyser l’information et, le cas échéant, de taper du poing sur la table lorsqu’un acteur de l’information cesse de jouer son rôle. A cet égard, la condamnation de la chaîne CNews en février 2023 est révélatrice des obligations que doivent respecter les médias. 

S’informer de manière plurielle et critique : une responsabilité individuelle 

Si une démocratie digne de ce nom se doit de garantir à ses citoyens l’accès à une presse indépendante, s’informer correctement relève du devoir et des obligations de chacun. Les sources d’information dans notre pays sont nombreuses. Beaucoup de médias se sont par ailleurs engagés à respecter la Charte de Munich sur les droits et les devoirs des journalistes. Il est donc possible de s’informer correctement et, ainsi, d’aiguiser son esprit critique. Un lecteur conscient des enjeux citoyens de l’information détient la responsabilité d’une recherche approfondie de sources d’information diverses et comparées. Pour compléter l’actualité générale, il peut s’appuyer sur la presse indépendante et les médias audiovisuels, spécialisés ou institutionnels. 

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