Le syndrome FOMO comme Fear of missing out : la peur de manquer un événement
“J’ai peur d’être abandonnée, oubliée” souffle la jeune artiste Marque dans l’épisode Pyschobug de la chaîne Arte. “Je faisais partie de ces enfants qui hésitent à s’arrêter pour refaire leurs lacets. J’avais peur que personne ne remarque mon absence, que le groupe parte sans moi.”
Simple terreur enfantine ? Probablement pas si l’on en croit le psychologue Sebastian Becker qui intervient ensuite. Ce phénomène porte un nom : le syndrome FOMO, comme fear of missing out et que l’on peut traduire par “anxiété de ratage”.
Cela se caractérise par la peur constante de manquer une nouvelle importante ou un événement quelconque donnant lieu à une possible interaction sociale. “C’est le sentiment de ne pas pouvoir suivre, d’être laissé pour compte” précise Sébastian Becker. Il ajoute qu’on y est “surtout confronté sur internet, sur les réseaux sociaux, […] quand les autres postent quelque chose auquel on ne participe pas.”
Le syndrome FOMO fortement favorisé par les réseaux sociaux
Car sans surprise, ce sont surtout les nouvelles pratiques liées au développement des médias mobiles et des réseaux sociaux qui favorisent l’apparition du syndrome FOMO. On y reçoit une grande quantité de publications, qu’il s’agisse des photos d’un voyage, d’une soirée au restaurant, d’un nouvel accessoire de mode, d’une tendance artistique… Se couper de cela et ne pas interagir avec ces contenus revient à se priver d’une partie de sa vie sociale. On peut alors développer une réelle dépendance à ces publications, ces conseils et à ces “morceaux de vie” souvent enjolivés.
Marque, l’artiste de la vidéo Arte, ajoute que cela fait naître cette impression que “les autres” sont mieux : qu’ils sont plus drôles, que leur réussite professionnelle est meilleure que la nôtre. Cela peut entraîner une forme de complexe, une fragilisation de notre estime pour nous-mêmes.
Autre conséquence possible du syndrome FOMO : celui de ne pas protéger suffisamment ses données personnelles en affichant trop d’informations sur soi-même.
Un concept popularisé par un étudiant d’Harvard
Le syndrome semble avoir été identifié et étudié dès 1996, mais c’est en 2004 que Patrick McGinnis, étudiant à Harvard, utilise le terme “FOMO” dans un article rédigé pour le journal de l’université.
Un article du Monde revient sur le sujet et précise : “[McGinnis] s’étonne du rythme social infernal que s’imposent les nouveaux élèves, enchaînant réunions, matchs, soirées et autres festivités dans une même nuit. Interrogé à ce sujet plusieurs années plus tard par le Boston Magazine, McGinnis explique ce curieux phénomène social par l’ambiance post-11-Septembre et le désir frénétique de vivre qui habite alors les jeunes Américains.”
L’émergence des nouvelles technologies de l’information et de la communication a donc amplifié un phénomène déjà existant : celui de suivre frénétiquement – de manière physique ou numérique – tout ce qui se passe autour de nus.
Les risques liés au syndrome FOMO
Que risque-t-on lorsque l’on souffre du syndrome FOMO ? De ressentir un sentiment de mal-être et d’anxiété, voire de dépression, d’avoir des troubles du sommeil, de ne pas être productif ou encore d’avoir une tendance à la distraction. L’enjeu est donc important… d’autant que le phénomène semble prendre de l’ampleur.
S’il est difficile de trouver des études spécifiques sur le danger que représente ce syndrome, on peut noter toutefois que certains chiffres devraient nous alerter : par exemple, selon une enquête menée par l’entreprise NordVPN, de nombreux français utilisent leur téléphone avant même de sortir du lit – cela concerne particulièrement les 18-24 ans – et cela pour consulter un réseau social (Facebook et Instagram en tête).
Un article du journal Ouest France met par ailleurs en avant les dangers du doomscrolling (le fait de consulter des actualités de manière presque frénétique) : une pratique qui est notamment le fait des adolescents. Ajoutons que l’enquête de NordVPN demande leur ressenti aux personnes interrogées et que nombre d’entre elles se disent “accros à leur smartphone”, se sentent “distraites” voire “coupables” et ont l’impression de “perdre leur temps”.
Il est d’autant plus difficile de lutter que les techniques marketing actuelles n’hésitent pas à jouer sur cette peur de manquer et la crainte de laisser passer une occasion : elles jouent très souvent sur l’urgence de l’offre et l’idée que “plus tard, il sera trop tard.”
Se prémunir du syndrome FOMO
Il existe toutefois des solutions pour se prémunir de ce syndrome. Rappelons tout d’abord que les états de stress, d’anxiété et de mal-être peuvent nécessiter l’accompagnement d’un professionnel de santé.
Le journal RTBF suggère de faire d’abord le besoin sur ses besoins et ses envies. L’article avance – en s’appuyant sur une étude américaine menée en 2021 – que le FOMO peut résulter “d’un état émotionnel négatif” et qu’il est la conséquence de besoins sociaux non-satisfaits.
Enfin, la solution est peut-être à chercher dans le JOMO (ou Joy of missing out : la joie de rater quelque chose). Un article de France Inter revient sur ce contre-phénomène qui invite à “décrocher” du numérique et de s’épargner la fatigue émotionnelle qui accompagne une présence en ligne trop importante.
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