Serge Tisseron dans le podcast : les enfants dans un environnement numérique

3 juillet 2025

Chaque mois, Be My Media décrypte avec un invité les enjeux liés aux médias et à l’information. Aujourd’hui : Serge Tisseron, psychiatre, docteur en psychologie, membre du CNUM et de l’Académie des technologies, qui explore depuis longtemps le lien entre développement de l’enfant et environnement numérique. À l’origine de la règle « 3-6-9-12 », il plaide aujourd’hui pour une approche plus souple et constructive, centrée sur les usages, la créativité, l’accompagnement et l’alternance des activités.

Les écrans et les intelligences artificielles redéfinissent nos rapports à l’information, à la communication et aux apprentissages. Face à ces mutations, les défis posés à l’éducation sont immenses. Pour les parents, les enseignants, les formateurs et les éducateurs, il ne s’agit plus seulement de limiter le temps d’écran ou de surveiller les usages, mais de repenser en profondeur notre posture éducative et notre manière d’accompagner les jeunes dans une société saturée de technologies.

Dans ce podcast, Serge Tisseron précise qu’il se préoccupe depuis longtemps du rapport que les enfants entretiennent avec les écrans. Il a préconisé dès 2006 d’appliquer la règle dite « 3-6-9-12 », soit :

  • pas d’écran avant 3 ans ;
  • pas de console de jeux avant 6 ans ;
  • pas d’internet avant 9 ans ;
  • internet seul à partir de 12 ans, avec prudence.

Pourquoi ces préconisations ? Tout simplement parce que les écrans peuvent représenter un danger pour les enfants et les jeunes, comme le rappelle notamment l’ARCOM. Néanmoins, à travers ces conseils, Serge Tisseron ne s’en tient pas à des interdit : il invite les parents à penser ou repenser l’éducation de leurs enfants aux écrans et leur donne des repères. Par exemple : « Avant 3 ans, parler, jouer, arrêter la télévision. »

Repenser le rapport aux écrans

Dans ce cadre, Serge Tisseron préconise la mise en place de politiques de la ville permettant notamment la mise en place d’activités pour les enfants et les familles, alternatives à la « culture des écrans ». L’objectif est de retarder autant que possible le rapport aux écrans dans les apprentissages, même s’il concède que les choses ont changé actuellement : certains logiciels sont conçus pour une utilisation par les jeunes, accompagnés des adultes.

Notant l’explosion de la quantité et de l’utilisation des écrans, il explique qu’il existe à présent une multitude d’usages numériques, et qu’il est bénéfique pour les enfants d’être accompagné dans cet apprentissage. Dans le cas contraire, le risque est de se retrouver « piégé » par les algorithmes.

Les écrans : des espaces d’expérience et de socialisation, mais aussi de confusion

De manière plus générale, Serge Tisseron revient sur les bouleversements pédagogiques liés aux écrans et à l’IA. Loin d’un discours alarmiste, il invite à changer de regard : penser les écrans comme des espaces d’expérience, de socialisation, mais aussi de confusion, sans carte ni guide. Il appelle à s’appuyer sur l’intelligence collective : groupes d’entraide entre enseignants, éducation par les pairs, reconnaissance des compétences extrascolaires des élèves, valorisation des usages créatifs…

Avec l’IA, un nouveau chantier s’ouvre : intégrer ces outils dans une démarche d’expérimentation, réinventer les méthodes pédagogiques et encourager les jeunes à se faire confiance. Car, comme le rappelle Serge Tisseron, dans un monde instable, « la confiance ne peut plus être verticale, elle doit être réciproque ».

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